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la présentation
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la première partie
Il
fallait toujours rappeler à Denis que je faisais un film
sur lui ! Il lui arrivait de disparaître pendant des mois,
ce qui me rendait folle -- mais il savait tout de même
m’appeler quand c’était important. Ainsi, il
a fait deux concerts avec Susie Ibarra. Pour le premier, Denis
m’a conseillé d’aller filmer – il sentait
qu’il allait se passer quelque chose. Et effectivement,
le public était fasciné. Tout le monde était
emporté par la force de la musique. Je l’ai dit,
je ne suis pas une spécialiste du jazz, mais c’était
vraiment un moment de bonheur. Deux batteurs, deux personnes,
qui s’aimaient beaucoup. Car il y a ce qui se passe sur
scène, mais aussi tout le reste.
Ce
concert-là, vous l’avez filmé en entier ?
Oui, comme tous les autres concerts. Il existe une version CD
du duo, mais elle a été enregistrée lors
de la seconde rencontre, moins intéressante à
mon avis.
Vous
pourriez envisager de sortir un DVD de ce concert-là,
dans son intégralité…
Oui, avec l’accord de Susie… Mais ce n’est pas
à l’ordre du jour. J’essaie de prendre mes
distances avec tout ça, j’ai quand même travaillé
cinq ans dessus ! C’était plus qu’un travail,
d’ailleurs.
Un
personnage étrange intervient dans le film, c’est
une jeune femme qui s’appelle Roxanne Butterfly. Elle semble
française, non ?
Oui, c’est une Toulonnaise qui est arrivée aux Etats-Unis
à l’âge de dix-huit ans. Elle était
venue pour apprendre à faire des films. Elle s’est
mise à danser un peu par hasard, ses partenaires lui
ont dit qu’elle avait du talent, elle a arrêté
tout le reste et elle s’est consacrée à la
danse ! Elle a maintenant une compagnie, Beauties and the
Beast, extraordinaire, qui occupe une certaine place sur
la scène newyorkaise. Elle connaissait Denis parce que
ses parents, des amateurs de jazz, la traînaient dans
les concerts quand elle était petite. Quand elle est
arrivée à New York, elle a retrouvé Denis,
et ça a changé toute sa vie. C’était
une de ses grandes amies.
Roxane Butterfly
Il
y a plusieurs films dans votre film. Votre conversation avec
Denis d’abord. puis des témoignages classiques –Steve
Lacy ou Archie Shepp par exemple –, la« couche »
intime – ses femmes –, et une autre faite d’amis
très proches – Roxanne notamment.
C’était tout ça Denis : des amis de toutes
les couleurs, de tous les âges, dans tous les secteurs.
A sa mort, les gens qui se sont manifestés n’étaient
pas tous des musiciens. Il y avait l’épicier du
coin ! Denis n’était pas qu’un musicien. Je
voulais que les gens sachent qu’en dehors de sa musique
il y avait d’autres choses, d’autres moments. Il naviguait
dans des cercles très différents et qui ne se
recoupaient pas forcément. Il avait beaucoup d’amis
sur qui il pouvait compter.
On
peut entendre notamment le témoignage de Didier Levallet.
C’est Denis qui m’avait demandé de l’interviewer,
moi je ne le connaissais pas. Il a beaucoup fait travailler
Denis. Ceux que j’ai rencontrés à Paris,
en France, c’était toujours sur recommandation de
Denis.
Didier Levallet
Que
pensez-vous du film, même s’il n’a rien à
voir avec votre intention de départ ?
J’en suis satisfaite. Pendant tout le montage, Denis était
avec moi. Chaque fois que j’étais perdue, je lui
demandais « Je fais quoi ? » Dans les moments de
déprime, il était là aussi. Et puis, quand
le film a été terminé, sa présence
s’est comme évanouie… Je pense qu’il est
satisfait, et sa fille aussi : c’est vraiment la seule
chose qui importe. Que certains musiciens n’aient pas aimé,
ce n’est pas mon problème.
Des
musiciens qui interviennent dans le film ?
Pour certains, oui, que je ne nommerai pas. Ils ont d’ailleurs
fait une campagne contre moi avant la première. J’ai
pourtant expliqué dès le départ que c’était
un film sur Denis, pas sur eux. Je n’ai jamais voulu
faire un film sur le free jazz non plus, mais seulement sur
un homme qui en faisait. Je me rappelle en particulier de l’arrivée
de Frank Lowe en compagnie de Billy Bang à la projection
que j’avais organisée avant la Première pour
les musiciens. Je tremblais un peu. A la fin, Frank est venu
me trouver : « Je ne comprends pas ce qu’on m’a
raconté… Ne change rien, même pas une virgule.
» Je me suis sentie libérée. Le jour de
la Première, beaucoup de gens n’ont pas pu rentrer,
tellement il y avait du monde, et à la fin, toute la
salle s’est levée pour applaudir. Je me suis dit
qu’ils avaient compris ce que j’avais voulu faire.
Frank Lowe
Maintenant
que voudriez-vous que ce film devienne ?
J’aimerais qu’il soit diffusé à la télévision
en France, puisque c’est ici, en Italie et en Allemagne,
qu’il gagnait vraiment sa vie. En attendant, il circule
dans les festivals, partout aux Etats-Unis, et un peu en Europe.
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